Maux d’en haut
Je me lève la tête dans un étau, le souffle court. Le simple fait de s’habiller demande un coûteux effort dont il faut 10 minutes pour se remettre. Pas faim, aucun appétit.
La douche est froide : le chauffe-eau ne fonctionne plus à partit de 3500m. Attention à l’ouverture du tube de dentifrice, la pression fait qu’il saute littéralement au visage. J’ai les joues en feu, la peau tannée.
Petite promenade : surtout ne pas courir, ne pas accélérer le pas sous peine d’être K.O. dans les heures qui suivent. Les lunettes de soleil sont indispensables, même sous la pluie, la réverbération est insupportable.
Sur la route, le camion peine à dépasser les 60 km/heure. Quand l’accélération se fait trop forte et le manque d’oxygène trop important, un léger soubresaut l’agite avant le déclenchement de multiples voyants sur le tableau de bord. Petit arrêt pour le laisser respirer. Des bus nous dépassent, le capot grand ouvert pour tenter de capter un soupçon supplémentaire d’oxygène.
Paysages grandioses de montagne. Pas de vie animale ou végétale, seuls les cailloux poussent à cette altitude.
Que manger quand la cuisson des pâtes prend 40 minutes (en compter 50 pour du riz) ? Pas de thé, l’eau ne bout pas en altitude.
J’abandonne tous mes stylos. L’altitude les transforme en bombe à encre. L’ordinateur tient mieux le coup.
Habitants des terres d’en bas, on n’est pas fait pour vivre à 4800 m.